Boursoufflures

Je confectionne des costumes pour qu’ils prennent vie sur le corps. Ce ne sont pas des vêtements. Ce ne sont pas des parures. Ce sont des peaux, des organes, des membres, des articulations. Ils se tissent lentement, prennent forme ou pas, dessinent de nouveaux volumes, d’autres possibilités de se mouvoir. Ils empêchent le geste ou le soulignent. Ils inspirent le mouvement ou l’entrave. Ce n’est pas de la haute couture. Ce n’est pas de la sculpture. Ce sont des histoires, des paragraphes, des anecdotes que l’on porte et qu’on oublie. Ils nous maintiennent, nous contiennent, avant de s’abandonner. Ils n’ont ni couture, ni doublure. Ils peuvent se lasser de muter puis décider d’en découdre. Alors, ils se déchirent et s’effilochent. Ils sont bien trop orgueilleux pour avouer qu’ils ne rêvent que d’une chose : retrouver un corps dansant.

Kiki DeGonzag, texte écrit durant le confinement printemps 2020

Photo : Collants rembourrés de coton, tricotin, casque.

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